Les habitants tissent des fils… et des liens

Une petite boucle se forme entre les doigts d’Ahmad. Les fils dansent sous l’impulsion des commandes tenues par Valérie. D’un coup sec, Dany tasse l’énième rangée rouge. « C’est l’idée de ce métier à tisser, chuchotent Louise et Mathilde, de la compagnie Brumes. Il a été pensé pour être utilisé à plusieurs. Trop grand pour tisser seul… »

Dans le hall de la maison de quartier de la Liberté, l’objet s’impose. « On ne peut pas le louper, je suis venu pour ça », sourit Gaëtan. Pendant trois jours, les habitants du coin, mais aussi les voisins, « les résidents de l’Ehpad de la Vigne-aux-Roses, les jeunes de l’accueil de loisirs… » se sont passés les navettes. « On fait glisser vers l’autre main la bobine de fil, c’est assez symbolique, souffle Marie. Je suis arrivée ici en ne connaissant personne et je suis heureuse de cette expérience. On a discuté, écouté les histoires des uns et des autres. »

Tisser des liens, c’est l’objectif de ce dispositif. « Il est né d’une proposition de l’Université de Nantes, en 2021, suite à la fermeture des portes à cause du Covid, rappellent Louise et Mathilde, respectivement plasticienne textile et comédienne réalisatrice sonore. Ce projet voyage depuis. Il est un prétexte pour échanger et permet de se retrouver. »

Un tomber de tissage le 14 décembre

De souffler les 30 bougies du Grand R, la scène nationale de La Roche-sur-Yon, aussi. Après La Liberté, le métier à tisser s’invite au Manège. « Jusqu’au tomber de tissage, samedi 14 décembre, annoncent les artistes. On invite le public à découvrir ce grand tissu collectif lors d’un spectacle mêlant les sons, les fils entrelacés et les textes récoltés pendant ces quelques jours à La Roche-sur-Yon. »

Ghenima a noté la date : « J’ai envie de voir le résultat. En Algérie, j’ai baigné dans des familles qui font beaucoup de tissage. Là-bas, c’est toujours la fête autour du métier à tisser. On mange, on danse, on chante. » Quelques notes de musiques résonnent dans les murs de la maison de quartier. « C’est beau », conclut Linda.