L’agglo, décor de cinéma

« Hein Choupette, qu’est-ce que tu en penses ? » La tête de la chèvre dodeline sous les caresses de Marie Delbarre. Dans l’enclos, l’éleveuse couve du regard les chevreaux et leurs mamans. Entre deux bottes de paille, une caméra avance. L’équipe du film Pour le pire et le meilleur investit, pendant deux jours, la Barbichette. « Ils sont venus en décembre pour repérer les lieux, sourit celle qui fabrique ses fromages à la Poiraudière des Clouzeaux. Le matériel, les professionnels, le tournage… on ne s’imagine pas, c’est un milieu inconnu pour nous. C’est donc une très chouette expérience. »

Augustin, le fiston, ne perd rien des scènes qui se jouent chez lui. Grimpé sur une auge, le petit garçon se fait silencieux, à chaque « moteur » demandé. Pendant que la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar ajuste le nouveau cadre, le staff s’affaire à changer un néon et à recouvrir d’un voile un morceau de toiture.

« C’est un événement pour nous »

« On va faire la traite à 20 h, car il faut qu’il fasse noir, souffle Sylvie Delbarre, qui file réapprovisionner le magasin en fromages. Ça chamboule un peu, mais on est tellement content d’accueillir ce tournage ici. » C’est l’actrice Lilly-Fleur Pointeaux qui va se coller à la mission laitière. Reste à savoir si les figurantes vont accepter de se laisser faire.

Isaac et Victor, eux, ne se lassent pas. Les adolescents passent et repassent devant le collège Haxo, à La Roche-sur-Yon. « Pendant trois heures, on va souvent faire les mêmes choses », avoue Laëtitia, la chargée de figuration, aux douze jeunes qui vivent leur première expérience cinématographique. Le proviseur Éric Davias découvre sa salle 12 transformée en « HMC », repère de l’habillage, maquillage et coiffure. « C’est un événement pour nous, affirme le chef d’établissement. On a saisi cette opportunité en récupérant un scripte et l’équipe du journal du collège a mené une interview d’un régisseur. »

Pierre Rabine tourne « à la maison »

L’équipe de 40 personnes joue des talkies-walkies autour des bassins de la piscine Sud. « La caravane s’arrête six jours » à Rives de l’Yon. Tandis que l’actrice Corinne Masiero file vers sa loge, Pierre Rabine discute avec son coach Joseph Brunel. « On tourne depuis le 17 février, quelle expérience, quelle aventure humaine ! » lâche le duo de La Roche Natation. Tout a commencé en mai 2024 par un message sur Instagram, lancé au nageur yonnais par Marie-Castille Mention-Schaar : « Pour ce biopic sur Philippe Croizon, je cherchais sur Internet un sportif amputé des quatre membres. Je suis tombée sur Pierre. »

« Après la surprise, il y a eu le stress, enchaîne Pierre. Être l’acteur principal et incarner Philippe, ça donne des responsabilités. » Les moments partagés avec l’athlète-aventurier ont fini de le convaincre. « Le tournage se passe en grande partie à La Roche-sur-Yon et aux alentours, c’est une grande chance pour moi. Mon coach est là, mon kiné, mes auxiliaires aussi. » Début 2026, le Yonnais devrait se voir sur grand écran. « Si on m’avait tracé un tel avenir de sportif et d’acteur à ma sortie du coma… Je ne peux dire qu’une chose : la vie est belle. » Et ce n’est pas uniquement le titre d’un film…