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La Roche-sur-Yon fête la Libération

Ce 8 mai 2025, Yonnaises et Yonnais étaient réunis pour fêter ensemble un temps fort de notre histoire commune : le 80e anniversaire de la Libération. Commémorations et célébrations au Bourg-sous-La Roche, à Saint-André d’Ornay, place Simone-Veil et rue/place du 8 mai, partage de mémoires entre différentes générations pour ne jamais oublier et faire rayonner notre devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».


Depuis 11 ans, c’est ce que je défends, ce que je clame haut et fort : Liberté, Egalite, Fraternité. [...] Ici, à La Roche-sur-Yon, nous la faisons vivre chaque jour dans nos écoles, nos associations, nos quartiers, avec nos anciens, avec nos jeunes, avec celles et ceux qui arrivent d’ailleurs. Lorsque, au quotidien, on se bat pour la santé, pour l’accessibilité, pour le bien vivre ensemble, pour une vie culturelle de qualité, pour le sport pour tous, pour la sécurité et pour adapter notre ville aux défis de notre siècle, nous renforçons la République et l’appartenance des habitants à une collectivité humaine. [...] Quelle leçon pour aujourd’hui ! Dans un monde imprévisible, traversé par les crises, les conflits et les divisions. Dans un monde où les Ukrainiens sont notre première ligne de défense face à un nouvel impérialisme autoritaire. Dans un monde où le Proche-Orient se déchire. Dans un monde fracturé par les replis identitaires, les crispations nationalistes, gangréné par les manipulations et le complotisme. Dans un monde où le chacun pour soi gagne chaque jour, au détriment des plus faibles d’entre-nous. Notre devoir est de ne pas subir, de ne jamais subir. « Ne pas subir », c’est refuser la résignation et le fatalisme. C’est faire le choix de l’action et du mouvement. « Ne pas subir », c’est l’héritage que nous laisse ceux qui ont combattu pour que nous vivions libres. « Ne pas subir », c’est refuser l’étau où l’extrême gauche et l’extrême droite souhaitent nous écraser. « Ne pas subir », c’est éduquer nos jeunes à la paix, leur enseigner les valeurs de la République, leur transmettre la mémoire. C’est cultiver l’esprit critique.

Luc Bouard

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Discours de M. Le Maire, Luc Bouard, à l’occasion de la commémoration du 8 Mai 1945 « 80e anniversaire de la Libération »

Permettez-moi de commencer par une confidence.
J’ai profondément souhaité ce rassemblement.
J’en ressens une vive émotion.

Je vous remercie d’avoir répondu aussi nombreux à l’appel de la mémoire et du partage républicain.

Ici, sur la place du 8 Mai 1945, j’ai souhaité que nous marquions particulièrement le 80e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et de la Libération totale de la France.
D’abord, parce que c’est probablement le dernier des anniversaires significatifs de cet événement où nous avons encore des témoins directs.
Ensuite, parce que les affres d’aujourd’hui font écho aux ténèbres d’hier.
La situation internationale que nous traversons nous renvoie à notre passé et en la matière, je reste persuadé que la mémoire est la meilleure des conseillères.
Enfin, parce que notre pays est, lui aussi, traversé par les tensions, par la montée des extrêmes et que des Français se retrouvent plus souvent face à face que côte à côte.

Je pense sincèrement que La Roche-sur-Yon porte un message singulier, qu’elle est une cité éprise de principes et de valeurs, qu’elle porte haut notre triptyque républicain : Liberté, Égalité, Fraternité.
Ce triptyque est beaucoup plus qu’une devise, c’est une promesse, c’est un art de vivre, c’est le choix d’une appartenance collective à une civilisation.

Liberté, Égalite, Fraternité : ces principes étaient l’enjeu même de la guerre.
Car qu’était le nazisme, si ce n’est le contraire même de notre héritage pluriséculaire ?
Qu’est-ce que le nazisme, si ce n’est l’anéantissement même de la liberté ?
La négation de notre humanité commune et de l’égalité entre les hommes ; la destruction systématique de tous les liens de fraternité qui ne rentraient pas dans le cadre imposé par une idéologie totalitaire.

N’oubliez jamais, chers enfants, ce que fut le nazisme.
En la matière, il n’y a rien de plus dangereux que l’ignorance et la banalisation ; il n’y a rien de plus important que de retenir les leçons de l’Histoire.

Durant les heures sombres de l’Occupation, nos principes républicains ont été bafoués, abandonnés et piétinés. Parfois, par ceux-mêmes qui avaient juré de les défendre.
Mais ils survivaient dans les cœurs et les espoirs des résistants, ils survivaient dans le silence douloureux de nombreux Français et évidemment ils survivaient dans l’action salvatrice du général de Gaulle et des Français libres.

Comme Maurice Chevalier le chantait dans ce succès d’après-guerre « Fleur de Paris » que mon père chantait à tue-tête en conduisant ses bœufs :
C’est une fleur de Paris
Du vieux Paris qui sourit
Car c’est la fleur du retour
Du retour des beaux jours
Pendant quatre ans dans nos cœurs
Elle a gardé ses couleurs
Bleu, blanc, rouge, avec l’espoir elle a fleuri
Fleur de Paris
C’est une fleur de chez nous
Elle a fleuri de partout
Car c’est la fleur du retour
Du retour des beaux jours

Ce mardi 8 mai 1945, les principes républicains sont dans toutes les pensées. La capitulation sans condition de l’Allemagne avait été signée la veille, le 7 mai, à Reims au début de la nuit.
Elle fut à nouveau signée le 8 mai à Berlin peu avant 23h.
Par la radio, par la presse, la bonne nouvelle se répand : la guerre en Europe est terminée !
À La Roche-sur-Yon, après la fête de la Libération de septembre 1944, ce fut un second moment de joie et de réjouissance collectives. Il resta très longtemps gravé dans les mémoires yonnaises.
À 15h, des milliers de paires d’oreilles se pressent place Napoléon pour entendre l’allocution radio du général de Gaulle, diffusée par les haut-parleurs. « La guerre est gagnée ! Voici la Victoire ! C’est la Victoire des Nations Unies et c’est la victoire de la France. »
L’enthousiasme gagne alors la foule.
Dans un concert mêlant les sirènes et les cloches de Saint-Louis, l’éclat de la victoire emplit le ciel yonnais.
La Société Philarmonique exécute avec émotion les hymnes des quatre grands vainqueurs : les États-Unis, l’URSS, la Grande-Bretagne et la France.
En défilé, tous rejoignent le monument aux morts pour un dépôt de gerbes et une minute de silence. Le Préfet Martin livre des mots puissants : « Que notre joie n’exclue ni la décence, ni la gravité, car, c’est aussi l’heure de la grande compassion et de la solidarité fraternelle. »
La joie déborde alors le cadre cérémonial et un véritable défilé improvisé traverse en tous sens les rues de La Roche-sur-Yon.
Le soir, une retraite aux flambeaux, un concert et des bals populaires emplissent les cœurs, les yeux et les panses.

Tous avaient le bleu, le blanc et le rouge dans le regard.
Les édifices publics rivalisaient en nombre d’étendards tricolores, les maisons étaient décorées de guirlandes et de drapeaux.
Certains avaient été confectionnés à la hâte avec les moyens du bord, avec des torchons et de la teinture.
La rue des Halles et la rue récemment rebaptisée du nom du général de Gaulle décrochèrent les palmes de la décoration.
Entre les fêtes et les kermesses, les réjouissances durèrent jusqu’au vendredi.

Puis, il ne faut pas oublier les prisonniers de guerre qui rentrent lentement, les déportés qui regagnent leur patrie portant le lourd fardeau de leurs souffrances et de la perte de leurs familles.
Il ne faut pas oublier l’horreur des camps et les millions de femmes, d’hommes et d’enfants disparus, anéantis par la haine d’un obscurantisme assassin.
Il ne faut pas oublier les 131 nouveaux noms gravés sur le monument aux morts aux côtés de ceux de 14-18.
Il ne faut pas oublier, derrière la joie sincère et partagée, les drames intimes et les traumatismes nombreux qui n’ont pas fini d’abimer les âmes.
Il ne faut pas oublier qu’après la victoire en Europe, il fallut encore plusieurs mois et deux bombes atomiques sur le Japon pour définitivement mettre un terme aux plus grands drames de l’humanité.
Il ne faut pas oublier le désastre humain, matériel et moral qui marque encore nos générations.
Rien ne fut plus comme avant.

La fragilité de nos civilisations et de nos vies nous les a rendues plus précieuses encore.
La Victoire fut l’aube du renouveau, de l’effort commun pour fonder « les jours heureux », chers au Conseil National de la Résistance, pour construire une Europe de paix, pour transmettre un héritage aux nouvelles générations, pour restaurer la démocratie.
Et pourquoi nos aïeux ont-ils tant lutté si ce n’est pour l’amour de la France et pour la démocratie ?
Le 8 mai 1945 est aussi un temps suspendu entre deux tours. Car ne l’oublions pas, la démocratie en France avait repris ses droits.

Les élections municipales se sont déroulées les 29 avril et 13 mai 1945.
Les premières où les femmes pouvaient voter.
C’est mon illustre prédécesseur, Léonce Gluard, qui devint maire.
Voici une leçon pour nous tous.
Car oui, la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, nous rassemblent.
Car oui, la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, sont l’héritage du 8 mai 1945.

La Liberté.
Celle que des soldats venus de tous les horizons ont reconquise sur le sol européen. Celle que des résistants français et étrangers ont âprement nourri de leur courage et payé de leur sang.
L’Égalité.
Celle détestée par l’idéologie hitlérienne qui avait érigé le racisme, l’antisémitisme et la haine en système. Celle pour qui, après-guerre, une Europe nouvelle a refondé la dignité de chacun.
La Fraternité.
Celle qui a guidé les actes de solidarité, les réseaux de Résistance, les mains tendues aux persécutés, le cœur des milliers de Justes. En définitive, comme le clamait Victor Hugo, « c’est par la fraternité que l’on sauve la liberté ».
Il convient ici d’évoquer la Laïcité qui, sans être présente dans notre devise, place le peuple de France sous la protection bienveillante de la République.

Les leçons d’hier, les épreuves d’aujourd’hui, tout doit nous appeler à la vigilance.
Depuis 11 ans, c’est ce que je défends, ce que je clame haut et fort : Liberté, Égalité, Fraternité.
Ce sera aussi un des messages présents dans notre nouvel Hôtel de Ville et d’Agglomération.
Le triptyque républicain sera particulièrement mis en valeur par l’intermédiaire d’une œuvre d’art marquante que nous découvrirons tous ensemble en cette fin d’année 2025.
Chacune de ces 3 valeurs sera incarnée et portée à la hauteur de ce qu’est la République pour nous, au sommet.
De ce qu’est la France pour nous, l’essentiel.
De ce qu’est l’Europe pour nous, une promesse de paix.
Par cette œuvre d’art, chaque jeune Yonnais pourra découvrir le sens de notre devise et comprendre pourquoi tant avant eux se sont battus pour elle.

Ici, à La Roche-sur-Yon, nous la faisons vivre chaque jour dans nos écoles, nos associations, nos quartiers, avec nos anciens, avec nos jeunes, avec celles et ceux qui arrivent d’ailleurs.
Lorsque, au quotidien, on se bat pour la santé, pour l’accessibilité, pour le bien vivre ensemble, pour une vie culturelle de qualité, pour le sport pour tous, pour la sécurité et pour adapter notre ville aux défis de notre siècle, nous renforçons la République et l’appartenance des habitants à une collectivité humaine.

Toute ma vie, j’ai eu une cette volonté.
Celle de ne pas subir. De ne jamais subir.
Cette maxime, je l’emprunte à un de nos grands Vendéens, à un des grands hommes du 8 mai 1945 : le Maréchal Jean de Lattre de Tassigny. Artisan de la Libération de la France, signataire de l’acte de capitulation à Berlin.
Ce soir-là, par sa seule présence, il a affirmé que, malgré la défaite de 1940, malgré l’Occupation, malgré les souffrances, et parce que le général de Gaulle avait sauvé l’honneur de la France et ramassé les tronçons du glaive, notre pays reprenait sa place parmi le concert des nations.

Quelle leçon pour aujourd’hui !
Dans un monde imprévisible, traversé par les crises, les conflits et les divisions.
Dans un monde où les Ukrainiens sont notre première ligne de défense face à un nouvel impérialisme autoritaire.
Dans un monde où le Proche-Orient se déchire.
Dans un monde fracturé par les replis identitaires, les crispations nationalistes, gangréné par les manipulations et le complotisme.
Dans un monde où le chacun pour soi gagne chaque jour, au détriment des plus faibles d’entre-nous. Notre devoir est de ne pas subir, de ne jamais subir.

« Ne pas subir », c’est refuser la résignation et le fatalisme. C’est faire le choix de l’action et du mouvement.
« Ne pas subir », c’est l’héritage que nous laisse ceux qui ont combattu pour que nous vivions libres.
« Ne pas subir », c’est refuser l’étau où l’extrême gauche et l’extrême droite souhaitent nous écraser.
« Ne pas subir », c’est éduquer nos jeunes à la paix, leur enseigner les valeurs de la République, leur transmettre la mémoire.
C’est cultiver l’esprit critique.
C’est leur apprendre que notre histoire est faite de drames et d’adversités, mais aussi d’optimisme et d’espérance, que le cœur de la France bat au rythme des épreuves surmontées par l’abnégation de ses héros.
C’est à ces héros, ceux qui ont permis le 8 mai 1945, que je dédie cette cérémonie.

Chers amis, en écoutant notre hymne national, je vous invite à vous donner la main.
À partager ce moment d’union et de rassemblement et 80 ans après, à faire le lien entre les générations de Français et de Yonnais libres.

Vive la République !

Vive la France !

Vive La Roche-sur-Yon !